1) Les troubles anxieux
L’anxiété est un état émotionnel naturel apparaissant dans la vie quotidienne. Il s’agit d’une réaction normale à des situations stressantes telles par exemple un discours en public, un examen important ou les aboiements menaçants d’un chien agressif. Cependant, chez certaines personnes, l’état d’anxiété persiste plus longtemps et s’aggrave même si le moment stressant est passé depuis longtemps. L’anxiété et la tension associée prolongées peuvent se transformer en un trouble grave rendant une personne inapte à gérer le quotidien. La personne qui en fait l’expérience ne peut pas contrôler cet état. L’anxiété devient un trouble lorsqu’elle commence à exercer un effet paralysant sur la vie d’une personne, abaissant significativement la qualité de sa vie, limitant son fonctionnement (par exemple, provoquant l’évitement du contact social) et devenant une source de souffrance mentale.
Les troubles anxieux (anciennement la névrose) constituent l’un des troubles psychiatriques les plus courants. Ils sont susceptibles d’affecter aussi bien les femmes que les hommes, les adultes et les enfants.

Il existe plusieurs types d’anxiété. Chacun d’entre eux se manifeste différemment mais ils présentent des points communs :

  • le sentiment d’angoisse et d’inquiétude ressentis la majeure partie du temps
  • la difficulté à se calmer
  • la sensation d’être submergé ou effrayé par des sentiments soudains de panique ou d’angoisse
  • la présence de pensées récurrentes provoquant de l’anxiété
  • l’expérience d’un état de tension nerveuse
  • la présence de symptômes somatiques tels des troubles cardio-vasculaires, respiratoires et digestifs
  • Il est également important de savoir que l’anxiété peut être associée à certaines maladies somatiques (par exemple la maladie d’Alzheimer, la dysfonction thyroïdienne, la maladie de Parkinson, l’hypoglycémie). Par conséquent, pour le diagnostic des troubles anxieux, il faut d’abord exclure les causes d’anxiété résultant de maladies somatiques.

Quelles sont les causes d’une anxiété excessive ?
Une anxiété excessive résulte la plupart du temps d’une combinaison de plusieurs facteurs :

  • Les troubles psychiatriques survenant dans la famille d’origine peuvent être prédisposants aux troubles anxieux, mais cela ne signifie pas que si un membre de la famille présente des troubles psychologiques, cela nous affectera automatiquement
  • Les événements stressants: changement de travail, de logement, grossesse et accouchement, expérience d’événements traumatisants, décès d’un être cher, expérience de violences verbale, sexuelle, physique ou émotionnelle
  • Les Problèmes de santé physique: Les maladies somatiques les plus courantes qui déclenchent l’anxiété sont les problèmes hormonaux, le diabète, l’asthme, les pathologies cardiaques
  • Les substances psychoactives: des substances telles que l’alcool, la marijuana, les amphétamines, les sédatifs, peuvent déclencher l’anxiété, en particulier lorsque les effets de la prise de la substance s’atténuent. Les personnes présentant déjà un trouble anxieux prennent parfois de plus en plus de ces substances pour réduire ce trouble. A court terme, cela peut être efficace mais à plus long terme, cela renforce et consolide le sentiment d’anxiété.
  • Les facteurs de personnalité: les chercheurs croient que certains traits de personnalité, tels que le perfectionnisme, un besoin accru de contrôle ou une faible estime de soi, peuvent prédisposer à l’anxiété.

D’un point de vue diagnostique, les troubles anxieux forment un ensemble de troubles ayant tous comme point commun une anxiété excessive et qui se manifestent diversement selon la typologie de l’anxiété. On distingue ainsi classiquement les attaques de panique avec ou sans agoraphobie, les phobies spécifiques, la phobie sociale, le trouble obsessionnel-compulsif, le trouble d’anxiété généralisée et le syndrome de stress post-traumatique.

1.1. Les attaques de panique avec ou sans agoraphobie

Les attaques de panique avec ou sans agoraphobie font partie du groupe des troubles anxieux.

Les personnes atteintes de ce trouble subissent des crises de panique soudaines (environ 5 à 20 minutes), des épisodes intenses et accablants de forte anxiété qu’elles ressentent comme étant «ingérables». Habituellement accompagnées d’un certain nombre de symptômes physiologiques (dyspnée, transpiration, tremblement du corps, respiration superficielle, étourdissements, engourdissement, nausée, douleur abdominale, peur de la mort, paresthésie), les attaques de panique sont soudaines et ne sont liées à aucun facteur situationnel. Une personne qui subit des attaques de panique a souvent peur de nouvelles attaques et évite donc les endroits d’où l’évasion pourrait être entravée (souvent le cinéma, le supermarché, les transports publics) – dans ce cas, on parle de trouble panique. L’agoraphobie peut également se produire sans attaques de panique. La personne évite alors de rester dans les lieux publics par crainte de manifestations somatiques – crise cardiaque, syncope.

1.2 Les phobies spécifiques

Les phobies spécifiques font partie du groupe des troubles anxieux.
Il s’agit de troubles qui se manifestent par une peur très forte et inexplicable d’objets ou de situations spécifiques. Ceux qui les éprouvent sont généralement conscients de l’irrationalité de leurs peurs et de leurs sentiments exagérés de peur, mais évitent néanmoins tout contact avec des stimuli phobiques. La phobie est accompagnée de divers symptômes physiologiques tels que palpitations, accélération de la respiration, transpiration, peur de la syncope.
Selon les critères diagnostiques, les phobies spécifiques peuvent être divisées en:

  • phobies des animaux – par exemple la peur des serpents, des araignées, des rats,
  • phobies associées à l’environnement – p.ex. peur de la tempête, des fleurs, de la neige, de l’eau
  • phobies des injections et des blessures – par exemple peur de la douleur, de la saleté, des germes
  • phobies situationnelles – par exemple, la claustrophobie, la peur du vol, la peur du dentiste
  • autres phobies – peur de Dieu, des pistons d’un moteur, des odeurs, du numéro 13, des objets pointus

Beaucoup de gens ressentent de l’anxiété face à certains stimuli, mais en réalité, les phobies n’affectent pas plus de 10% de la population.

1.3. La phobie sociale

La phobie sociale fait partie du groupe des troubles anxieux.

Les personnes atteintes de phobie sociale sont fortement préoccupées par l’exposition à des situations sociales dans lesquelles elles pensent qu’il existe la possibilité d’être évalué par d’autres personnes. Ces personnes ont peur du jugement, des critiques potentielles, de la honte ou de l’humiliation, même dans des situations normales comme parler, manger dans des lieux publics, entamer une conversation. Cette anxiété est généralement accompagnée d’une forte réponse végétative: sueurs, rougeurs, palpitations, tensions, accélération de la respiration. Les personnes atteintes de phobie sociale sont généralement convaincues que ces symptômes sont visibles de façon manifeste et criante pour l’environnement et qu’ils contribuent à ce qu’elles soient « compromises » socialement. La crainte de l’apparition de ces symptômes végétatifs engendre une intensification de ces symptômes dans les situations sociales (mécanisme du cercle vicieux). L’inconfort sévère associé au fait de rester dans des situations sociales conduit alors souvent à les éviter.
La phobie sociale se distingue de la timidité par la présence d’une anxiété paralysante qui empêche ou entrave sérieusement la participation à toute situation sociale. Le sentiment d’agitation et les symptômes somatiques peuvent augmenter même à la seule idée d’une exposition au regard du public. Cela conduit généralement à éviter de telles situations et provoque un isolement social plus ou moins avancé.

1.4. Le trouble obsessionnel-compulsif

Le trouble obsessionnel-compulsif fait parti du groupe des troubles anxieux.
La caractéristique fondamentale du TOC est l’apparition répétitive d’obsessions et de compulsions qui sont sévères et chronophages (plus d’une heure par jour). Les obsessions sont des pensées indésirables, intrusives, persistantes, inacceptables et répétées, des images ou des impulsions qui sont difficiles à contrôler et causent une grande anxiété. Les personnes qui vivent ces pensées sont conscientes de leur irrationalité. Leur contenu se concentre sur des sujets angoissants, évoquant le dégoût et dépourvus de sens tels que la saleté, les germes, les comportements sexuels inacceptables, la peur de blesser quelqu’un, le besoin d’ordre et de symétrie.
Les compulsions apparaissent généralement en réponse à des obsessions. Ce sont des rites rigides et répétitifs que la personne se sent obligée d’accomplir. Ils servent à réduire la tension causée par des pensées intrusives et à protéger de la peur. Les compulsions les plus courantes sont le lavage des mains, la vérification, l’exactitude et les activités mentales – la répétition de certaines phrases, le comptage, la prière.

Les pensées obsédantes sont très gênantes pour les patients. Elles concernent les choses dont ils ont peur, et les actions obligatoires constituent une façon de les empêcher de devenir réelles. Une personne effectuant des actes compulsifs essaie de les réaliser parfaitement, mais n’est presque jamais complètement satisfaite de sa performance, raison pour laquelle elle se sent contrainte de répéter ces actes. Ces activités prennent ainsi beaucoup de temps, en particulier dans la forme avancée de la maladie.

1.5. Le trouble d’anxiété généralisée

Le trouble d’anxiété généralisée fait parti du groupe des troubles anxieux.
Ce syndrome est caractérisé par la peur irréaliste et exagérée d’un malheur potentiel ou d’une catastrophe, accompagnée d’une anxiété presque constante. Il est caractérisé par la présence de symptômes spécifiques tels que la tension musculaire, l’irritabilité, les troubles du sommeil. Le TAG est un trouble chronique rendant le fonctionnement quotidien très difficile. Pour son diagnostic, les symptômes doivent se produire la plupart du temps pendant au moins six mois. La préoccupation anxieuse porte souvent sur les questions financières, la santé des membres de la famille. Souvent, l’exclusion d’un motif de préoccupation et d’inquiétude provoque l’apparition d’un autre motif.

1.6. Le syndrome de stress post-traumatique

Le syndrome de stress post-traumatique fait parti du groupe des troubles anxieux.
Le syndrome de stress post-traumatique (PTSD) peut survenir à la suite d’événements traumatiques (guerre, agression, accident de la route, catastrophe écologique, abus physique ou mental). Les symptômes peuvent inclure une tension constante et une difficulté à se détendre, des cauchemars, la répétition et l’intrusion de pensées, d’images, d’émotions et de sensations en relation avec le traumatisme. La personne souffrant d’un PTSD produit des efforts considérables pour essayer d’éviter tout ce qui est associé à l’évènement traumatique. Elle peut aussi avoir de la difficulté à se souvenir des événements traumatiques, souffrir d’insomnie, présenter des troubles de la concentration, avoir de la difficulté à ressentir des émotions positives, montrer de la nervosité et de l’irritabilité, être facilement effrayée.

1 2 3